L’I.H.S.E.A a ouvert ses portes en septembre 2009, et accueille des élèves des classes de lycée, de la  Seconde à la Terminale.  Bien que l’ensemble des cours soient dispensés par des professeurs de l’Education nationale, cet Institut fait partie intégrante de notre Service (1) . Ayant reçu l’aval des deux ministères concernés (celui de la Santé, et celui de l’Education nationale), l’initiative s’origine en effet des impasses  rencontrées dans nos propres pratiques quotidiennes, avec certains adolescents en grande souffrance, pour lesquels les études s’avéraient toutefois très investies, sans que ces jeunes puissent poursuivre leurs cursus au sein des lycées d’aujourd’hui. Point de promotion ‘pour tous’ des études, de notre part: il s’agissait pour nous, bien plutôt, de ne pas empêcher tel adolescent -et non pas tel autre-, trouvant dans les études une manière à nulle autre pareille de circuler dans le monde, de poursuivre… à l’intérieur de son propre choix symptomatique. Un pari bien peu envisageable, hélas, dans des lycées soumis à des directives rigides, présentant lepour tout x’ comme un espoir … ce qui est le comble du comble sitôt qu’un adolescent s’avère ne pouvoir s’habiller d’aucun ‘espoir’ établi ! Les jeunes à qui nous avons dit ‘oui’, ne sont pas nécessairement des lycéens brillants, loin s’en faut. Mais les professeurs de l’Education Nationale qui se sont portés volontaires pour s’engager dans l’Initiative, témoignent déjà de leurs propres surprises à trouver chez leurs élèves, des styles de sérieux vis-à-vis des études à la fois authentiques et si distincts les uns des autres, dans un lieu d’enseignement pourtant aussi improbable. A l’IHSEA, il y a les heures de cours durant lesquels nous n’intervenons pas. Et il y a les rencontres des élèves, par les acteurs du service : chacun de ceux-ci  a choisi  de s’orienter avec Freud et Lacan, dans sa pratique quotidienne. Les élèves sont accueillis pour une durée d’au moins une année scolaire, (deux, voire trois, si nécessaire). C’est donc un pari dans la durée . Nous sommes prestes à commettre telle admission, mais on ne dispense pas de ‘dépannage’ ponctuel. Au bout d’un an, l’élève passe en classe supérieure ou redouble: ce sont les enseignants qui décident. L’accueil trouve son terme à la fin d’une année scolaire ou se poursuit une deuxième année, voire trois: ce sont les soignants qui tranchent. Certaines structures Soins Etudes choisissent d’anciens psychologues pour occuper des fonctions d’enseignants. Nous ne voulions de cela sous aucun prétexte : point de psychoéducateurs, mais des enseignants de l’EN volontaires, continuant par ailleurs à exercer à mi-temps au sein de leur lycée d’origine, le lycée Le Corbusier d’Aubervilliers situé à quelques centaines de mètres de l’IHSEA, et avec lequel nous avons passé convention. Certains cours nécessitent une logistique dont nous ne disposons pas (les labos de chimie, en particulier). Ces enseignements sont dispensés au sein du lycée Le Corbusier. Et donc : pas de ‘professeurothérapeutes’. L’exigence est cruciale…pour les ’soignants’ du service, aussi bien : tenter de se faire partenaires du symptôme singulier d’un adolescent, c’est, -pour chaque infirmier, psychologue, ou psychiatre concernés-, aller à rebours des pratiques prêt-à-porter, imposées sans cesse davantage aujourd’hui, dans tous les champs de la société … avec la complicité de leurs propres acteurs.

(A suivre)

 

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(1)– Pôle de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent,  EPS de Ville-Evrard – 15, rue du Clos Bénard, 93300 Aubervilliers (métro ligne 7 :‘Aubervilliers-Quatre Chemins’).  Tel 01 41 61 22 70

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