Jacques-Alain Miller à Nice, samedi 31 mars

Jacques-Alain Miller est venu plusieurs fois dans notre région à l’occasion de manifestations importantes de la communauté analytique. Cette année il honore la ville de Nice d’une première conférence, sous la forme originale d’une rencontre avec un public élargi : les analystes, les analysants mais aussi ceux qu’il a qualifiés lui-même d’« opinion éclairée »  : celle qui est concernée par les avancées de la théorie analytique autant que par le mouvement des idées déterminantes pour la culture contemporaine.
Nombreux sont ceux qui savent déjà combien Jacques-Alain Miller a consacré de temps, par un travail méticuleux, à donner forme écrite, transmissible, à l’enseignement oral de Jacques Lacan (l’ensemble des trente années de son séminaire), assurant le recensement et la publication de ses écrits. Beaucoup moins savent à quel point son commentaire assidu de cet enseignement dans son « Cours de l’Orientation lacanienne », sur un espace de trente ans également, a permis de recueillir dans cet ensemble la cohérence d’une pensée en mouvement et dans le même temps la dialectique interne, le surgissement de paradoxes, d’apparentes contradictions et leur dépassement dans des formulations nouvelles.
L’enseignement de Jacques-Alain Miller est sérieux. Il met en série Lacan lecteur de Freud, Lacan discutant les thèses lacaniennes, Lacan s’attachant à décrire la psychanalyse, objet complexe qui mérite une approche rigoureuse et des modes de description divers et ne se laisse pas réduire à des formules simplistes.
Ce travail patient l’a mis à la place d’être lui aussi auteur de formulations nouvelles éclairant les zones de difficulté d’une pratique qui plus qu’une autre nécessite d’être explicitée quand elle demeure entourée d’un voile d’opacité inhérente à son objet, la jouissance du parlêtre.
Jacques-Alain Miller a souvent dégagé et souligné les inventions lacaniennes, y compris en les extrayant  parfois à partir de formulations uniques. Il est celui qui a su en souligner le caractère novateur, l’incidence sur la pratique et les conséquences sur la doctrine.
Jacques-Alain Miller produit du nouveau
, parfois dans des moments de surprise, y compris pour son auditoire le plus averti. Cela a été vrai souvent lors de réunions analytiques ou à son cours, mais aussi lors de ces interventions pour le public élargi auquel il s’adresse avec le souci d’obtenir de ses auditeurs cette lueur de compréhension qu’il sait apprécier comme indice de l’impact de sa formulation qui est ciblée.
Jacques Lacan est intervenu deux fois au CUM, en 1974, en 1976. Par deux fois il ne s’est pas contenté de reformuler ce qu’il avait déjà dit mais a proposé des ouvertures inédites. Jacques-Alain Miller nous offrira, c’est son style, lors de sa venue à Nice, dans ce moment de rencontre, lui aussi, des nouveautés.
C’est pour votre plaisir que vous viendrez à cette occasion d’une rencontre avec la psychanalyse au creuset de son élaboration la plus vive.

David Halfon



 

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