Rencontre avec Jean-Daniel Matet, médecin psychiatre, psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne depuis son origine en 1982.

La soirée sera animée par Alain Obadia, vice-président de la Fondation Gabriel Péri.

Mercredi 30 mai 2012 à 19h00
Fondation Gabriel Péri
11 rue Étienne Marcel, Pantin
métro ligne 5, station Hoche
(Plan d’accès)

Entrée libre . Le nombre de places étant limité, il est recommandé de s’inscrire par mail à l’adresse : inscription@gabrielperi.fr

Autisme et psychanalyse

L’autisme est une question qui transcende l’actualité. La psychanalyse freudienne et lacanienne, prise à partie, est une référence incontournable pour en saisir les enjeux. Si la déclaration de l’autisme comme « grande cause nationale » permet d’obtenir des moyens supplémentaires et adéquats pour prendre en charge l’éducation et le soin des personnes autistes, je m’en réjouis. La mise en accusation de la psychanalyse, voire son souhait de l’interdire comme l’a proposé un député UMP ne sert pas cette cause, elle la dessert. Quoiqu’il en soit de l’origine de l’autisme, n’en rejetons aucune dans un temps où la recherche promet plus qu’elle ne donne et pour l’heure ne fournit que des hypothèses pour un dit « spectre autistique » lui-même très peu homogène : de l’autiste doué type Asperger aux symptômes autistiques d’un enfant ayant connu des problèmes de réanimation néo-natale, il y a un monde. L’hypothèse neurologique ne reflète que la dépendance de chacun de nous à l’organisme qui conditionne nos existences corporelles. Un corps qu’il appartient d’habiter avec son histoire. C’est sur ce point que la psychanalyse a une action et il serait étrange, pour des raisons éducatives ou économiques, de priver l’autiste et sa famille d’une parole qui permet de trouver la voie de créations personnelles soutenant nos existences.

La psychanalyse ne s’oppose pas à l’éducatif et beaucoup d’entre nous travaillant avec des autistes favorisent la fréquentation scolaire et tous les modes adaptés de transmissions des apprentissages scolaires. Il faut réfuter ce qui ferait croire, comme pour tous les enfants, qu’il n’y aurait qu’une seule approche éducative des enfants autistes, qui s’apparente à une tentative hégémonique d’un lobby économique.

La psychanalyse n’a pas droit de cité dans les régimes totalitaires et plusieurs fois dans leur histoire, les psychanalystes ont été bannis et persécutés. Comme les malades mentaux d’ailleurs dont Lacan pouvait dire que le « discours capitaliste » s’accompagnait de leur ségrégation. La psychanalyse est une pratique qui s’adresse à ceux qui le décident, mais c’est aussi une manière de penser les relations entre les humains, un mode de lecture de la différences entre les êtres, hommes, femmes, enfants, adolescents, avec leur singularité qui passe par un rapport spécifique au langage et à la parole. Pour cette raison, les choix de chacun ne se réduisent pas à des comportements.

Ce débat sur l’autisme est une chance pour tous car il met le doigt sur ce qui fait l’autisme premier de chacun dans son rapport à la langue qui lui est transmise et pour cela nous avons beaucoup à apprendre des enfants qui en sont affectés. Dés lors, l’invective et la calomnie doivent laisser la place au débat et au témoignage. N’insultons pas l’histoire qui vit les psychanalystes chercher précocement au XXème siècle des réponses aux problèmes posés par les autistes et ne méconnaissons pas la colère des parents qui ne trouvent pas, dans les conditions actuelles, une solution aux questions posés par leur enfant.

Cette soirée à la Fondation Gabriel Péri sera l’occasion d’en débattre.

Jean-Daniel Matet

Jean Daniel Matet est médecin psychiatre, psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne depuis son origine en 1982.

Président de l’École de la Cause freudienne (site : www.causefreudienne.net), membre du Conseil de l’Association mondiale de psychanalyse.

Coordinateur de la Section clinique Paris-Ile de France (UFORCA) (site : www.uforca-paris-idf.org)

Après une formation de psychiatrie générale et de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à la Salpétrière, il a été praticien hospitalier à temps partiel pendant 35 ans au Centre hospitalier de Corbeil devenu Centre hospitalier Sud-Francilien (secteur de psychiatrie adulte 91G11-Unité Jacques Lacan à Yerres).

Il a aussi exercé comme psychiatre d’un service petite Enfance de l’IME de Draveil (ADAPEI) où il a développé une structure pour enfants autistes pendant 30 ans.

Il a écrit de nombreux articles dans le champ psychanalytique (cf le site de l’ECF) et participé à plusieurs ouvrages collectifs.

 

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