Rafah Nached a voulu offrir un espace de parole à ceux qui avaient peur.
Voilà son crime face à un régime qui veut du silence ! Régime commandé par un Autre terriblement méchant et sourd à la demande d’un peuple qui clame liberté et justice. Un peuple qui veut le réveil ! Son acte est apparu comme un grain de sable menaçant, bruyant d’où pourrait encore germer la clameur déjà là grandissant chaque jour, mais chaque jour combattue et tranchée par lui et ses commanditaires. A celui qui chante contre le pouvoir on lui tranche la gorge, à celui qui griffonne un cartoon dérisoire du tyran on lui coupe la main, à celle qui offre une espace de parole contre la peur, on l’enferme ! Le corps de ceux qui osent se lever sur l’ordre et rompre ce silence avec de la différence, paye lourd tribut ! Le corps est amputé de tout ce que peut laisser trace d’une subjectivité et inscrire l’âme et la pensée qu’il habite.
La peur, est l’arme la plus redoutable que l’ont peut céder à cet Autre tyran aveuglé de pouvoir et menacé de le perdre. Par cet arme qu’on lui octroi et par laquelle il frappe, il a frappé Rafah Nached tentant de la réduire au silence. Mais depuis sa prison de femmes, elle à écrit quelques mots dans lesquels elle parle de “sa responsabilité”. Quelle beauté enferme ce mot ! Quelle force ! Car notre position face à la peur ne peut qu’être une question de responsabilité subjective face au réel qui tue, une position de courage.
Rafah Nached n’a pas peur, je veux continuer à l’imaginer libre. Ses paroles me paraissent laisser transparaître une arme beaucoup plus puissante que celle de la peur, celle de se sentir concernée. Mais de quoi cette femme psychanalyste se dit être responsable ? D’avoir voulu laisser “Dire l’indicible” ? “L’indicible pour nous, psychanalystes à Damas, c’est le spécifique, ce qui nous fait différents et pourtant aussi semblables à l’autre. (…) La psychanalyse est à l’intérieur de la vie et peut interroger le tourment qui déchire le monde aujourd’hui entre pauvres et riches, faibles et forts, dominés et dominants. Notre région est plongée dans l’agressivité, la mort, la violence, la guerre, et chacun essaie de s’en sortir. Mais la question reste ouverte. Qu’est-ce qui fait aujourd’hui que l’homme se déchaîne dans la barbarie extrême et chute? ” Disait-elle lors de son intervention à Damas début 2011 portant ce titre.
Question cruciale à Damas, en Moyen-Orient, au Mexique ou ailleurs ! …Mexique où l’ont vient encore de découvrir les corps des 15 personnes décapitées. Pourquoi la barbarie continue chez l’être humain à amputer son semblable de son corps et de sa voix ? Rafah Nached est une psychanalyste convoquée par l’histoire de son peuple. Maintenant qu’elle est obligée de se taire, position différente de celle qu’elle avait fait par choix en devenant psychanalyste pour laisser que l’autre parle, prenne parole, c’est à nous de nous sentir concernés par son sort et de continuer à faire que ça parle !
Que ça parle d’elle et de tous ceux que la barbarie tué, jusqu’à que de cet espace de silence auquel on tente de la condamner, elle soit libérée !
Le cri de la liberté n’est pas indicible, sauf à se taire.

 

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