« Plus rien de Lacan au Seuil », selon la formule de JAM entendue mardi soir au Pullman Montparnasse, serait-ce une raison de donner Lacan aux éditions de la Martinière ?

Que M. de la Martinière édite des livres, des beaux livres, des livres avec de nombreuses illustrations, des livres qu’on a plaisir à tenir, manipuler, feuilleter, etc., est une chose, il le fait de manière soignée et exigeante, je l’ai vu de mes yeux lors d’une étude auprès de consommateurs pour un guide des vins ; que les éditions de la Martinière, dont la “baseline” (signature) sur le site du groupe est “La marque de référence : des livres prestigieux sur la photo, la nature, le voyage, l’art, le patrimoine et la spiritualité”,  puissent griffer les livres de Lacan en est une autre.

En quoi la psychanalyse entrerait dans un catalogue propositionnel, dont chacun des autres termes dessinerait l’horizon de l’otium, du loisir, alors qu’elle est à peu près tout sauf ça ? Vous me direz, on ne choisit pas ses voisins, etil paraîtrait qu’il ne faut pas idéaliser, pas avoir de nostalgie, s’accommoder de la réalité telle qu’elle est devenue.

Faire voisiner Lacan avec Les secrets des mentalistes, ou 500 salades, ce serait ça avoir un rapport juste avec ladite réalité ?!

Les effets possiblement enchanteurs ou délétères  de la collusion de deux noms propres sur une première de couv’ constituent un des paramètres b-a-basique de la connaissance du marketeur éditorial avisé. Un autre en est l’identité : Le Seuil est une maison d’édition, Gallimard est une maison d’édition, lesquelles accueillent (plus ou moins bien) des auteurs. Un autre en est le positionnement, le champ dans lequel œuvre la maison d’édition.  La “baseline” du Seuil , quoiqu’on en pense, est celle d’un éditeur, pas d’une marque : “Publier des ouvrages qui permettent de comprendre notre temps et d’imaginer ce que le monde doit devenir.”

Les éditions de la Martinière est et s’énonce comme une marque. Il y a (encore) une différence, même si elle tend à s’amincir : une marque vend des produits ; un éditeur – ou une maison d’édition – édite des livres. Des livres destinés à être lus, et non des objets, aussi agrémentants soient-ils, tel un dictionnaire ornithologique, dont la fonction d’ornement est au moins aussi importante que la jolie science naturelle qu’il délivre.

Avec tout mon respect pour l’écrit, le nom de l’auteur, l’éditeur. Rien de plus, mais rien de moins. — édith msika est éditée par POL, éditeur

REPONSE DE JAM. J’accueille avec faveur cette belle lettre, qui dit très bien les choses. Je vous répondrai, Edith Msika, sérieusement et longuement, dès que j’en aurais le loisir. Répondre à vos fortes objections fortifiera mon choix, qui fut l’affaire d’un instant – un instant de voir. Votre lettre constitue pour moi une invitation à entrer dans le temps-pour-comprendre. Le moment de conclure un contrat viendra à la fin : il n’y a pour l’instant qu’une poignée de main. Le sens que je donne à mon entrée aux éditions de La Martinière, avec Lacan, et aussi le Champ freudien devenant autre chose, Hervé l’acceptera-til ? Je m’efforcerai en tous les cas de l’entraîner avec nous. Tenez ! Voilà ce dont je prendrai mon départ, demain, chez Mollat, à Bordeaux.

Tagged with:
 

Comments are closed.