Livre de citations de Hanoch Levin ((ספר הציטטות של חנוך לוין)par Marco Mauas

publié dans le N°117 de Lacan Quotidien

Éd. Kibutz Meuchad, 2011, 290 p, Choix et établissement du texte : Oded Walkshtein, Dani Terz, Moli Melzar.

 

 

Hanoch Levin (1943-1999) est sans doute le plus célèbre des auteurs de théâtre israéliens modernes. Il publia 57 pièces, des tragédies, des pièces satiriques politiques, mais aussi des comédies. Bien qu’il soit considéré comme un critique de la politique israélienne officielle (il a été membre du parti Communiste d’Israël), la censure de ses œuvres fut plus morale que politique (1), définissant par la même sa condition d’artiste comme “homme de vérité”. Il s’agit d’un art surtout de l’Autre comme barré, de l’absence de garanties, quelquefois interprété un peu trop rapidement comme théâtre de l’absurde,  sans doute par l’habitude de donner un nom à ce qui se vérifie à chaque fois comme l’inconsistance. Voici quelques citations extraites des différentes pièces. On notera spécialement la différence avec le “me phunai” grec, déjà dans le champ analytique avec l’enseignement de Jacques Lacan. L’Hébreu  de Hanoch Levin souligne la perte et le gain, et le ton tragique tend vers la comédie. Marco Mauas.

“Que sommes-nous, les pères, sinon l’ordure du sol, sur laquelle  grandissent nos enfants?”

מה אנחנו, האבות, אם לא הזבל לקרקע שעליה צומחים ילדנו?”

“Le père chemine en bourdonnant, sourd, le fils donne des coups de pied à des petites pierres. Chacun à ses affaires, dans la rue vide, dans une paix si grande, gentiment.” 

האב הולך ומפזם לו חרש, הבן בועט באבנים קטנים. איש איש ועיסוקו, ברחוב הריק,, בתוך שלווה גדולה כל כך, באור של חסד.”

“Tu m’angoisses, j’ai peur de toi, tu es étrange pour moi, menaçante, incompressible, terrifiante, ta figure me fait trembler, me donne froid, désir de me cacher sous la couverture, de fuir, sauter par la fenêtre, mourir, et seulement ne pas être à tes côtés un moment, et en trois mots… je t’aime.” 

את מעיקה עלי, מפחידה אותי, זרה לי, מאיימת, לא מובנת, מצמררת,פנייך מעבירים בי חלחלה, קור, רצון להסתתר מתחת לשמיכה, לברוח, לקפוץ מהחלון,למות, ובלבד שלא להיות במחיצתך אפילו רגע, ובשלוש 

מיליםאני אוהב אתך.” 

“Depuis longtemps déjà je ne t’aime pas. En trois mots : Plus de valeur.”

כבר הרבה זמן שאני לא אוהב אותך. בשתי מילים: פג תוקפך“.

 “Pas bon d’être né. Pas bon, cela ne vaut la peine. Et qui ne naît pas, gagne”.

לא טוב להיוולד. לא טוב ולא כדאי, ומי שלא נולד, מרוויח.”

“Cela vaut la peine de naître, c’est bon de naître. Qui ne naît pas perd une grande perte.”

 כדאי להיוולד, טוב להיוולד, ומי שלא נולד מפסיד הפסד גדול.”

 “J’ai toujours dit : tu es né ? C’est ta fin !”

תמיד אמרתי: נולדת? זה הסוף שלך!*

* Traduction : Marco Mauas.

(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Hanoch_Levin

 

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