Rétrospective   Diane Arbus au Jeu de paume du 18 octobre au 05 février 2012



Copyright © 1972 The Estate of Diane Arbus, LLC

Le Jeu de paume présente du 18 octobre 2011 au 5 février 2012, la première rétrospective française consacrée à Diane Arbus. L’œuvre de Diane Arbus, photographe américaine installée à New-York, est mondialement connue pour ses portraits. Parmi les plus célèbres, on se souvient de  A Young Man in Curlers at Home on West 20th Street, N.Y.C. 1966 (Jeune homme en bigoudis chez lui, 20e Rue, N.Y.C. 1966). Ou encore Identical Twins, Roselle, New Jersey, 1967 (jumelles identiques, Roselle, New-Jersey, 1967) dont Stanley Kubrick s’inspirera pour son film The ShiningCette rétrospective propose plus de deux cents clichés dont un nombre important sont exposés pour la première fois en France. Ils permettent de saisir, depuis ses débuts, la construction et les développements d’un style très singulier. Diane Arbus énonce un point de départ au moment où elle obtient

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des bourses de la fondation Guggenheim en 1963 pour des projets sur les « Rites, manières et coutumes d’Amérique »: « Je veux photographier les cérémonies formidables de notre temps parce que nous avons tendance, en vivant ici et maintenant, à ne percevoir que ce qu’il y a d’aléatoire et d’aride et d’informe. Pendant que nous regrettons que le présent ne soit pas comme le passé et que nous désespérons qu’il ne devienne jamais le futur, ses innombrables habitudes attendant toujours de découvrir leur signification. (…)», « Ce sont nos symptômes et nos monuments. Je veux simplement les sauvegarder, car ce qui est cérémoniel et curieux et banal deviendra légendaire.». Cette démarche, elle l’applique aux scènes de la vie quotidienne américaine puis elle la met en acte en parcourant la ville de New-York auprès de ce qu’elle nomme « le pinacle précaire du paysage humain ». De jour et surtout de nuit, bardée d’appareils photos et plus que tout, armée d’un désir sans faille pour obtenir « le » bon cliché, Diane Arbus entreprend de fixer dans le cadre l’étrange fascination que suscite les freaks, ceux-là même qu’elle avait découvert dans le film éponyme de Tod BrowningSon mode opératoire vise à s’approcher au plus près de son modèle pour lever le voile des identifications et saisir ce qui de l’objet est hors-champ. L’engagement est radical. Diane Arbus se dit prête « à perdre [sa] vertu, ou tout du moins ce qu’il en reste » pour élucider « le secret du champ visuel »(1).

Signalons, qu’à l’occasion de cette rétrospective, Le Jeu de paume en collaboration avec les éditions de la Martinière, The Estate Diane Arbus LLC, New York, du Fotomuseum Winterthur, du Martin-Gropius-Bau Berlin et du Foam Fotografiemuseum Amsterdam, publient Diane Arbus, une chronologie. Le livre présente au travers de la correspondance de Diane Arbus, de ses notes personnelles, son cheminement artistique.

(1) Jacques-Alain Miller, Le secret du champ visuel, La petite Girafe, Bulletin de liaison de la Diagonale francophone du Nouveau Réseau CEREDA, N°5, Mai 1996, pp.5

Présentation par Victor Rodriguez


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