Comité de Liaison des Psychologues – CLIPS : Association des psychologues freudiens, InterCoPsychos, Mouvement des Universitaires Pour la Psychanalyse (MUPP)La prise en charge de l’autisme est aujourd’hui un enjeu crucial.

Récemment, une proposition de loi a été déposée à l’Assemblée Nationale tendant à interdire l’orientation psychanalytique dans le champ du « spectre de l’autisme » et à y privilégier  exclusivement les thérapies cognitivo-comportementales.

Nous affirmons qu’on ne saurait imposer par la loi l’orientation du travail d’un praticien ou d’une institution.

De fait, les psychologues sont nombreux, qui  interviennent, à des titres divers, auprès des sujets dits autistes et de leurs familles. En cela,  ils sont directement concernés par cette proposition de loi. Mais, au-delà, c’est chaque psychologue qui est concerné, car cette loi remettrait en cause son autonomie professionnelle, autant dire son éthique et sa responsabilité.

Le psychologue est, en effet, libre de choisir et même de concevoir sa méthode, sa technique, c’est-à-dire son orientation telle qu’elle détermine le cadre dans lequel il rencontre celui qui s’adresse à lui. La loi garantit cette liberté.

Les psychologues n’en sont pas moins attachés à la diversité de leurs propres formations – lesquelles comportent de multiples options tant dans la formation universitaire, continue ou en cours d’emploi que dans la formation personnelle indispensable – et des pratiques qui en découlent, ainsi qu’à celle des autres professionnels dont ils sont partenaires.

Le prétendu « retard français » des psychiatres, psychologues et universitaires fréquemment mentionné dans des textes officiels (rapport Létard) laisse supposer que ceux-ci méconnaissent l’état actuel des connaissances sur l’autisme. Est-il vraisemblable qu’ils refusent de s’informer depuis plusieurs dizaines d’années ? Est-il plausible que ces professionnels soient si inégaux à la hauteur de leur tâche ? Pourquoi seraient-ils plus ignorants que les politiques qui s’emploient à leur faire la leçon ? Pourquoi ne s’interroge-t-on pas sur le fait que des divergences d’opinions persistent fortement et durablement, en France et au-delà, entre les spécialistes de l’autisme ? En vérité les connaissances actuelles sont connues de tous ces derniers ; ce qui diffère ce sont les interprétations qui en sont faites. Quelle légitimité possèdent des politiques à venir trancher dans des débats complexes ? Leur opinion ne reflète que celle des groupes de pression qui les supportent. Ils veulent faire accroire que la science serait achevée alors qu’il existe un consensus concernant le fait que les savoirs sur l’autisme restent aujourd‘hui incertains. Il en découle que la seule attitude appropriée consiste à favoriser la diversité des recherches ayant déjà fait état de résultats significatifs.

Les psychologues respectent la démarche scientifique fondamentale et savent qu’ils ont à s’inspirer de sa rigueur. Ils n’en ont pas moins un devoir d’alerte quant à l’imposture que constituerait la mise au ban des pratiques fondées sur la rencontre et la parole.

Nous demandons donc que cette proposition de loi ne soit pas inscrite au calendrier législatif.

Nous demandons que les pouvoirs publics garantissent le libre choix de l’orientation de travail des institutions, des praticiens, et des psychologues en particulier.

Le 24 février 2012.

Comité de Liaison des Psychologues – CLIPS : Association des psychologues freudiens, InterCoPsychos, Mouvement des Universitaires Pour la Psychanalyse (MUPP)

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